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  1. Le vin naturel selon David Cobbold

    "J'ai envoyé 800 mails pour annoncer la "renaissance" de vinpur. Voici les remarques d'un journaliste anglais, certainemant amoureux du style "buccal" et peu habitué au style spirituel des vins issus de l'agriculture biologique et vinifiés en levures indigènes. Je ne juge personne, nous sommes en démocratie et le vin c'est le partage et l'ouverture" JC Botte le 16/02/10

     

     

    Couché de soleil sur Bézier

     

    Le vin naturel par David Cobbold : journaliste du vin

     

    Je sais que ce sujet est "à la mode" est donc que la plupart des gens laissent passer des erreurs, soit par paresse, soit ou par ignorance. Mais vous dites des choses que je trouve très contestables, sur le fond et par la forme. Voici quelques points, en vrac, qui montrent pourquoi et comment je ne suis pas en accord avec votre postulat.
     
    1). Le vin "naturel" est, à mon sens, une mauvaise terminologie. Aucun vin n'est "naturel", car la nature, seule, est incapable de produire un vin. 
     
    2). Il y a un défaut conceptuel qui sous-tend les propos des défenseurs de ce type de produit. La nature n'est ni bonne, ni mauvaise, elle existe, avec ses défauts et ses qualités. Faites-vous larguer dans une jungle avec des tarantules, serpents, alligators et jaguars, et vous m'en direz des nouvelles ! J'ai parfois l'impression que cette affection retrouvée pour la nature "pure" est inversement proportionnelle à la proximité de la vie quotidienne de ses tenants avec la nature. Autrement dit, c'est un peu un truc pour citadins faussement nostalgiques qui vivent un peu dans une bulle.
     
    3). L'homme fait le vin, pour l'homme. Il choisit, certes, ses techniques, plus ou moins simples ou sophistiquées, comme sa manière de cultiver. Et l'amélioration des techniques a permis de faire beaucoup plus de bons vins que par le passé. J'ai 30 ans de métier dans le vin et je vous assure que la proportion de mauvais vins est bien plus faible ajourd'hui que dans les années 1970/1980. Il faut arrêter de jeter le bébe avec l'eau du bain !
     
    4). Seul le résultat (c'est à dire son plaisir) compte pour le consommateur. J'ai servi, plusieurs fois, des vins dits "naturels" (et faits par des producteurs connus dans ce microcosme) à des élèves en cours de dégustation à plusieurs reprises. Ils les trouvaient très souvent désagréables et ne voulaient pas les avaler par réaction de dégoût.
     
    5). Il faut aussi penser au consommateur et à la chaîne logistique qui affecte le vin sur son parcours. Un vin doit avoir un minimum de stablilité lors du transport et stockage intérmédiaire. Sinon la France peut dire adieu à ses exports qui lui sont pourtant essentiels.
     
    6). Je pense que c'est une très mauvaise excuse pour un vin mal fini, ayant des défauts d"hygiène élémentaires, et parfois incapable de rester stable plus d'un quart d'heure dans le verre de dire qu'il est "comme nous", c'est à dire ayant des sauts d'humeur. Pour vivre bien en société, nous devons lisser nos défauts, pas les exagérer puis dire "je suis comme ça". Sinon il n'y a pas de société. Accepter que les vins aient systématiquement des déviances, comme la pétillance quand ce n'est pas le style voulu, est, à mon avis, une bétise qui nous ramène 30 ans en arrière. On peut être pour un sol vivant (travaillé ou pas) et une vigne saine, mais contre des erreurs de vinification basique. Je connais, par exemple, bon nombre de très bons vignerons qui sont revenu du "sans soufre". Le soufre, après tout, est un produit "naturel", puisque 0,5% de la croûte terrestre en est fait. Je n'irai pas nécessairement aussi loin que Didier Dagueneau (qui faisait partie de ces "revenants") et qui disait que le soufre est la meilleure chose qui soit arrivé au vin !
     
    Enfin, et pour conclure, le vin est complexe et je crains qu'il est impossible de donner de recettes simplistes pour le "bon" vin.
    J'aime le vin comme vous, c'est pourquoi je prends le temps de vous dire ma pensée.

    David Cobbold le 16/02/2010

     

    "Petite précision : j'ai vécue mon enfance entouré de bois pendant 11 ans, et 10 années entourées de champs chimiques. J'ai l'âme d'un amoureux de la nature et non pas un citadin faussement nostalgique."

    Jc Botte